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    Un cri de joie me fit ouvrir les yeux.

    Qui avait pu crier aussi fort, aussi tôt ?!

    Kean se frotta les yeux et s'assit.

    La fenêtre s'ouvrit avec fracas et le vent d'Est apparut dans l'encadrement de celle-ci.

    -Roy, debout ! Sapy t'attend !

    J'étais tenté de lui jeter ma chaussure...

    -Vous avez quoi, tous a crié de bon matin ? murmurais-je, en mettant ma tête sous l'oreiller.

    "Je vais aller voir en bas, maître."

    Je leva la tête, juste à temps pour le voir zigzaguer tél un saoulard, jusqu'à la porte.

    La nuit c'était déroulé sans cauchemars.

    Ou plutôt, sans rêve ni bon, ni mauvais.

    Le vent d'Est m'observait d'un air mi-curieux, mi-amusé.

    -Tu veux ma photo ? chuchotai-je en gromelant.

    Le vent d'Est se mit à rire, provoquant un léger courant d'air frais dans ma chambre.

    Ce n'est pas en refroidissant la chambre, que j'aurais plus envie de me lever !

    Il prit un air pensif, puis me lança avec un grand sourire :

    - Mon chère ami Ours, le printemps est arrivé, veux-tu bien te lever, sortir de ta grotte et me suivre ?

    Pour toute réponse, je lui jeta réellement ma chaussure, qui évidemment, le traversa.

    -Dois-je te la ramener, ou tu préfères marcher a cloche-pied toute la journée ?

    Je lui fis un vague signe de la main.

    Je n'étais pas particulièrement de mauvaise humeur.

    Je ne voulais simplement pas me lever.

    Une bonne grosse flemme, comme je n'en avais pas eu depuis longtemps.

    La porte de ma chambre se rouvrit, sur un Kean bien réveiller.

    "Alors ?"

    "Miska a enfin réussi son gâteau, après une dizaine de tentative rater. Je vous déconseille de descendre maintenant, maître."

    De sa manière de parler, je compris rapidement qu'Enzo avait découvert l'état de la cuisine.

    Ce n'était pas le moment de descendre, effectivement.

    Kean me fit un grand sourire inhabituel et retira d'un coup sec ma couette.

    - Traitre ! m'exclamais-je, en me recrocvillant, tel un hérisson sans défense.

    Kean et le Vent d'Est paraissaient d'excellente humeur, alors que le soleil se levait à peine !

    Ce dernier réapparu à la fenetre, ma chaussure à la main :

    -Toujours pas lever ? Dois-je aller te chercher du miel ?

    Il me cherchait ma parole !

    Mais leurs bonnes humeurs me contamina et je m'assis sur le bord du lit, dépité.

    -Vous avez gagner, je me lève...

    -A part ça, Roy, j'ai menti, la saison des baleines arrive bientôt ! Fit le Vent d'Est.

    -La saison des baleines ? demandai-je, en me débattant avec mon pantalon.

    -La saison oú l'eau tombe du ciel. C'est aussi la saison oú les dragons hibernent et les êtres de la mer se montrent.

    -Les êtres de la mer ?

    -Tu les rencontreras pendant ton voyage ! Allez dépêche-toi, Sapy t'attend !

    Je me leva et descendit.

    Comme prévu, Enzo était en train de faire une leçon de morale à Miska.

    Celle-ci faisait la vaiselle, tout en essayant de lui répondre.

    La cuisine sentait encore le brûler, tandis qu'il y avait de la crème partout.

    Ca n'avait pas l'air simple...

    Je toussota, les faisant sursauter.

    -Bonjour, je m'en vais. Je reviendrais quand Sapy me libérera...

    Je vis une lueur d'espoir brillait, dans les yeux de Miska.

    -Nettoyer ces bêtises, c'est une leçon de morale. A plus tard ! Lançais-je, en voyant Miska soupiré.

    Ayant un peu pitié, je revins sur mes pas et lança :

    -Dans Cendrillon, tu aurais fait une excellente demi-soeur, Enzo !

    Celui-ci s'avança vers moi, pendant que j'ouvris la porte et sortit de la maison.

    Je tomba d'ailleurs nez à nez, avec plusieurs individus.

    Le premier fut Layton.

    Le second était un groupe de soldat, qui me dévisageaient d'un air béat.

    Le troisième... allait se faire frotter les oreilles.

    -Ethan, qu'est ce que tu fais là ? demandais-je, à l'oublié qui était retenu par un garde.

    -Lâchez moi ! Hurla t'il. Vous voyez bien que je ne ment pas ?! Lâchez moi !

    Je soupira en rabattant ma capuche et le montra du doigt :

    -Je vais ramener ce petit sauvage dans la forêt. Relâchez-le.

    Le garde lâcha Ethan avec réticence.

    Celui-ci remit sa tenu en ordre et se posta derrière moi.

    La journée commençait ... mal.

    -Bonjour Layton. Je vais dans la foret, nous nous verrons ce soir.

    Il prit un air déçu.

    -A moins que tu n'ais le droit de quitter la ville. Mais vu ce qui s'est passé hier, je te le déconseille.

    Celui qui paraissait être le chef du groupe de soldat, prit la parole :

    -Grand Ramasseur, c'est à ce sujet que nous sommes venu. Nous voulions vous adressez nos sincères excuses, de la part de tout les habitants, pour l'incident qui s'est produit hier soir, lors de l'ouverture du festival.

    -Les habitants étaient très sympathique. Seulement, faites attention aux pourfendeurs que vous laissez entrer.

    Ils se mirent tous au garde-à-vous, s'inclinèrent profondément et s'en allèrent.

    Quant au garde qui avait retenu Ethan, il était toujours là, bras croisé.

    -Qu'a t'il fait ? demandai-je, en soupirant.

    Le vent d'Est vint se poser sur mon épaule, particulièrement curieux.

    -Il a de nouveau forcé l'entrer de la ville, bousculer deux femmes et à voler un oeuf !

    Rien que ça ... et en une matinée !

    Je soupira, en murmurant :

    -Je suis un ramasseur ou on m'a transformé en procureur, pendant la nuit ?

    "Kean, transforme-toi."

    Ma faux apparut entre mes mains, faisant reculer le garde.

    -Ethan as-tu voler cet oeuf ? demandais-je, en me tournant vers le coupable présumé.

    Il secoua la tête avec véhémence :

    - J'avoue avoir forcé l'entrer ... sinon je ne peux pas passer. Les deux femmes me sont rentré dedans alors qu'elles discutaient sans regarder oú elles allaient ! Et pour finir ... j'ai ramassé l'oeuf qu'une petite fille a fait tomber de son panier pour le lui rendre ! Et c'est la que cet imbécile de garde m'a attrapé !

    Il avait l'air sacrément remonter ...

    -Bien. Je vais donc le faire retourner dans la forêt et faire en sorte qu'il ne vienne plus ici, ça vous va ? demandai-je, au garde.

    Celui-ci hocha la tête et s'en alla.

    - Je te jure que je dis la vérité ! S'exclama l'oublié.

    -Je te crois, Ethan. Mais il me semble t'avoir dit de ne pas venir ici !

    -Comme il y a le festival, je pensais qu'il ne ferait pas attention à moi.

    Son air de petit chien battut faillis m'émouvoir.

    Je lui fis signe de me suivre.

    Layton revint en courant, alors qu'on était à la moitie de la descente, dans la grande avenue.

    Un air de fête flottait dans l'air.

    Des banderoles, des affiches, des enfants courant partout, des adultes, des vieillards et ... des poules.

    -Roy ! Père a accepté que je t'accompagnes ! s'écria Layton, en nous rattrapant.

    Ethan fit un "tsk" bien bruyant.

    -Cache ta joie, surtout ...

    -Je n'aime pas les gens de ce monde.

    Layton parut surpris :

    -Je n'ai rien contre toi et je ne t'ai rien fait.

    -Même si je te dis que je suis un oublié ? S'exclama t'il fierement, les mains sur les hanches, en pleine rue.

    -Ce gamin est un idiot ! lança moqueusement le Vent d'Est.

    Certaines personnes aux alentours lui lancèrent des regards mauvais.

    Ça le calma net.

    -Tu sais, oublié ou non, tu es un garçon de mon âge. Pourquoi te desterais-je ? demanda Layton.

    Ethan parut surpris, mais resta silencieux.

    Je m'arrêta devant une échoppe de pain et j'en acheta une grande quantité.

    -Tu vas faire quoi de tout ça ? Dit Layton.

    -Nourrir des poulets sauvages. répondis-je, en lui tendant plusieurs sacs.

    Je fis de même pour Ethan.

    On sortit de la ville sans encombre, bien que certains gardes lancèrent encore de mauvais regard à l'oublié.

    -Eux ne sont pas prêt de l'oublier... commenta le Vent d'Est en riant.