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    Mais à peine accepta t'il, que deux choses se produisèrent simultanément.

    Tout d'abord, le Vent d'Est se faufila délicatement dans la maison, par la fenêtre ouverte.

    Il se mit entre moi et Sevan.

    Tandis que par la porte, deux silhouettes rapides entrèrent et entourèrent Sevan.

    Le prince ne bougeait pas.

    Il observait la scène, en état de choque.

    -Mormegil ? Morwën ? Que faites-vous ici ? s'écria Abriel.

    En apparence, on aurait dit deux jeunes filles de 12/13 ans.

    L'une pressait un couteau sur son cou, l'autre lui tenait les bras.

    -Cette arme est une aberration de la nature.

    -Elle possède deux esprits et deux provenances. L'une est Erakienne...

    -L'autre est perdu, ayant déjà quitter ce monde.

    L'une continuaient les phrases de l'autre.

    Abriel s'approcha :

    -Très bien. Mais de quel droit avez-vous pénétrer ces lieux ?

    -Nos ordres ont été clair et précis...

    -Le volcan nous a ordonné de protéger Roy, jusqu'à l'arrivé de notre Maîtresse.

    Elles me jettèrent un coup d'oeil, puis se tournèrent vers Abriel :

    -Cette aberration est dangereuse...

    -La lame de cette épée...

    -A déjà connu le sang de Roy...

    -Il l'a blessé...

    -Il l'a pris en traître...

    -Et l'avait laisser pour mort.

    Kean sursauta.

    -Tu n'as pas à rougir ou à avoir honte...

    -Kean, tu as fait de ton mieux.

    Kean se touna vers elles, sans pour autant desserer l'étreinte :

    -N'en dîtes pas plus. Je vais tout lui raconter alors... laissez-moi du temps.

    Elles hochèrent la tête et se tournèrent vers le prince :

    -Où as-tu eu cette arme ?

    -Au volcan de l'air.

    Surement à cause du traque, il avait répondu du tac au tac.

    -As-tu fait le serment du pourfendeur ? demanda l'autre.

    Il hocha la tête.

    -Comment l'as-tu fait ?

    Elles altérnaient la parole.

    -Je... j'ai prêté serment au Volcan de l'air et mit mon sang dans la fleur de magma et Sevan est apparut...

    Une fleur de Magma ?!

    J'étais curieux de savoir à quoi sa pouvait bien ressembler...

    Le Vent d'Est était là, toujours devant moi, faisant pénétrer un léger courant d'air dans la maison.

    Si l'air n'était pas pesante, c'était surement grâce à lui.

    -Vous comptez me tuer à nouveau ? demanda Sevan, sur un ton dur.

    -On ne te tuera pas...

    -Mais on va t'enfermer...

    -Jusqu'à l'ordre du gardien.

    Sur ces bonnes paroles, elles sortirent en l'amenant avec elle.

    Le prince voulu les suivre, mais Abriel le retint :

    -Tu n'y peux rien. Même si le contrat entre une arme et son maître est intouchable, le cinquième volcan à le droit de faire ce qui lui chante.

    Kean remit sa tête sur moi et raffermit sa prise.

    Je le serra contre moi, en retour.

    "Pardon maître, c'est de ma faute."

    Kean prenait sur lui un fardeau, qui n'était peut-être pas le sien. C'était l'impression que j'avais.

    Un autre détail me revint en mémoire :

    -Kean, l'autre soir lorsque j'ai eu ma crise, tu m'avais dit que c'était à cause de Sevan... mais juste après je n'avais plus rien ressentit à son contacte. Est-ce à cause de ça ?

    Il hocha la tete, sans pour autant me regarder.

    Abriel s'approcha, mais le Vent d'Est faisait toujours barrage.

    Isil entra dans la pièce, tout en portant un plateau de nourriture.

    Mais avant que quiconque eut pu dire quoi que ce soit, l'appel de l'âme se fit sentir.

    La douleur au ventre, je tapota sur le dos de Kean, qui leva enfin la tête.

    -Kean, c'est l'heure. annonçais-je, seulement.

    Il hocha la tête, tout en évitant mon regard et descendit de mes genoux.

    -Prince, Princesse. Si vous voulez faire vos Adieux, c'est maintenant.

    Ceux-ci m'observèrent, troublés.

    Puis ils parurent s'en rendre compte, puis d'un commun accord, ils se mirent à partir en courant.

    -C'est l'heure ? demanda Aegnor.

    -Oui, il ne lui reste que très peu de temps. Je sens déjà l'appel de l'âme. J'y vais... dis-je, en me levant.

    Aegnor se leva aussi.

    -Si tu comptes m'accompagner, oublie. Personne ne peut être à mes côtés, lorsque je fauche une âme.

    Il parut déçu et se rassit lourdement.

    -C'est moi ton garde du corps, de toute façon... fit le vent d'Est en haussant les épaules.

    Il ressortit par la fenêtre et me fit signe de le suivre.

    Son absence dans la maison, provoqua une montée de température.

    -Si tu pouvais juste éviter de sortir par la fenêtre, je t'en serais reconnaissante, Roy. lança Isil en posant son plateau, avec un grand sourire.

    Je pris la main de Kean et je sortis par la porte, comme demander.

    "Vous n'allez rien me demander, maître ?"

    Tout en marchant vers la palais, Kean regardait ses pieds.

    -Ce n'est pas le moment. Pour l'instant, concentrons-nous sur notre travail.

    Il releva un peu la tête, l'air rassuré.

    -Tu es sympa de les avoir prévenu... lança le Vent d'Est, se rasseyant sur mon épaule.

    -C'est la moindre des choses. Et puis... je sais ce que c'est, que de perdre un être chère, sans pouvoir lui dire "au revoir".

    Oui, je le savais.

    Je connaissais cette douleur.

    Et à présent, je m'en souvenais parfaitement.

    -Tu sais, nous qui sommes des esprits élèmentaires, nous ne ressentons pas grand chose. On fait semblant de paraître expressif, mais à l'intérieur, on est vide. Tu penses que c'est mal, si je ne comprend pas les sentiments ?

    Cette question avait été poser sur un ton nonchalant, mais prudent. Elle avait l'air de le tarauder depuis longtemps.

    -Tu sais, même si tu réagis par mimétisme, tu as appris à exprimer quelque chose. Il n'y a pas de 'bien' ou de 'mal' avec les émotions, je pense. La seule chose dont je suis certain, c'est qu'on ne peut pas changer notre nature aussi facilement. Il faut se travailler, pour pouvoir changer.

    Il m'enlaça la tete, posant la sienne sur la mienne. Je ne ressentais qu'un léger effleurement d'air, mais je savais que ma réponse l'avait toucher.

    On arriva au palais.

    Il descendit de mon épaule et se mit à flotter face à moi :

    -Je ne peux pas entrer, je t'attend ici.