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    Son air choqué, me parut suspicieux :

    -Quoi ? J'ai un monstre dans le dos ?

    Elle papillona des yeux, avant de partir dans fou rire ...monstre.
    Son rire résonnait dans l'antre, comme si un phoque s'étouffait !

    Elle se calma, au bout d'un moment, se frotta les yeux et s'exclama :

    -Les monstres ne viennent pas ici ! Mais qui aurait cru, qu'un jour... TOI, tu me remercirais sincèrement... ah~ j'ai bien ris !

    Je me sentis un peu véxer, par l'insinuations, mais n'insista pas.

    -Mais plus sérieusement, tu as oublié même tes clauses, n'est ce pas ?

    J'hôcha la tête.

    -Tu as toujours ta liste ?

    -Oui.

    Elle eut l'air pensive, quelques secondes, puis me demanda de la suivre.

    Elle descendit de la racine, qui repartit dans le sol, et se dirigea vers une ouverture, qui descendait plus bas.

    -Une sorte de sous-sol, ne t'en fait pas. me rassura t'elle.

    On descendit dans un endroit sombre.

    -Tu sais, j'ai accès aux souvenirs de tout ceux qui arrive. On est ... pareil. J'ai vécu la même fin que toi...

    -Fin ? Tu m'as dit que je n'étais pas mort.

    -Exacte. Mais disons que si j'avais voulu y retourner, je serais ramasseuse d'âme, comme toi.

    J'avais compris son explication, mais faute de mémoire, je ne saisissais pas le fond.

    On arriva dans une salle étrange, remplie de racine. Celles-ci bougeaient et ondulaient. Certaines n'étaient que des racines, mais d'autres étaient fleuris.

    De beau lotus fleuris, ici et là.

    -Vois-tu des fleurs ? me demanda t'elle.

    -Oui, des lotus.

    Elle soupira.

    -C'est mal ? dis-je, pas rassuré.

    -Non, seulement... rien, ne t'en fais pas ! fit-elle, d'un sourire crispé.

    Elle aurait pu faire un effort, pour paraître plus convaincante !

    L'angoisse au ventre, je la suivis, en serrant fort ma faux.

    "Ne vous en faîtes pas, Maître, le sapin ne vous fera jamais de mal. Il est de votre côté."

    Kean était vraiment un soutien psychologique de haut niveau !

    Ma boule au ventre s'apaisa un peu.

    -C'est ici. Tu vas devoir posé ta faux.

    Elle me montrait de la main, une sorte de petit renfoncement dans une grosse racine. Un creux digne d'une tombe.

    -Tu vas m'enterrer ? dis-je, d'un air faussement horrifier.

    Elle rit :

    -Mais non, bêta ! Allez, entre !

    Un peu hesitant, je soupira :

    -Kean, transforme-toi.

    Je le lâcha et il se transforma.

    Il leva les yeux et prit mes mains dans les siennes :

    -Maître, ne vous en faîtes pas, je suis là.

    Par instinct, comme si c'était naturelle de faire ça pour moi, je colla mon front au sien et inspira profondément.

    Je me força à reprendre mon calme, doucement doucement.

    Une fois prêt, je m'y allongea, non pas sans avoir eut l'image d'une pelle dans le coin...

    -Promet-moi de ne pas m'enterrer ! supliais-je.

    -Je promet de t'épargner les vers et la boue, si tu fermes les yeux et la bouche ! Et que tu te laisses faire !

    -... n'en profite pas ! m'exclamais-je, en riant et suivant ses indications.

    A peine avais-je fermer les yeux, que je me retrouvait dans un autre endroit.

    Je me trouvais dans un endroit ... étrange.

    Plus étrange que le champs.
    Plus étrange que la ville.
    Plus étrange que la forêt.
    Plus étrange que l'intérieur du sapin.

    Je me trouvais dans un endroit... vide.

    Ni haut, ni bas.

    Le noir complet.

    Et pourtant, je n'avais pas peur.

    -Il y a quelqu'un ? demandai-je, au cas ou...

    Je me sentais idiot de demander cela, alors qu'il n'y avait vraisemblablement que moi, ici.

    Une faible lueur apparut devant moi, apaisant ce sentiment, d'être un imbécile.

    La lueur se diffusa, jusqu'a prendre forme, tout comme Kean le faisait.

    Sauf que la forme qui apparut fut celle... d'une chouette. Ou d'un hibou.

    Quoi qu'il en soit, le volatile nocturne était tout blanc. Blanc aux yeux violet, perçant.

    Il me fixait avec intensité.

    -Euh... bonjour ? proposais-je, pour enlever ma sensation de malaise.

    Le rapace pencha la tête, puis la remise droite, avant d'ouvrir le bec, de hululer, puis de devenir aussi fixe et rigide qu'une statue de pierre.

    Je n'étais pas avancer...