009

-Maître !

...

-Maître !

Je frotta mes yeux et m'étira :

-Qu'est ce qu'il y a ? marmonnais-je.

En ouvrant les yeux, je vis Kean, penché au-dessus de moi, l'air impatient.

-Maître, je sent une âme de la liste. On doit partir tout de suite ! Plus le temps passe, plus vous aurez mal. Il faut y aller maintenant !

Je jetta un coup d'oeil à la fenêtre, d'oú sortait de bon gros rayon lumineux.

Je me leva doucement, respirant un bon coup, alla me passer de l'eau sur le visage et rabattis ma capuche.

-Bien, on y va ! annonçais-je, à Kean.

Celui-ci me suivit en bas.

Enzo était dans la cuisine, d'oú sortait une bonne odeur.

Je me mis sur le seuil de l'entrée de cette pièce, et annonça :

-Bonjour Enzo. Je m'en vais, j'essaierai de rentré tôt...

Celui-ci me considéra quelques instants, avant de me tendre un petit paquet :

-Bonjour Roy. Un en-cas, si tu as faim.

Il était beaucoup moins bavard que la veille. Il paraissait concentré à l'extrême.
Je ne releva pas, prit le paquet et me dirigea vers la porte.

Le même problème que la veille se posa.

-Kean, comment est-ce qu'on ouvre une porte sans poignée ? demandai-je, plus curieux, qu'agacé.

-Maître, il vous suffit de toucher la porte. Elle ne laisse entrée que ceux qui habitent ici, oú ceux qui y sont inviter.

Je considéra Kean, avant de posé LA question, qui me prenait la tête :

-Kean ... la magie existe dans ce monde ?

Il secoua la tête :

-La magie n'existe pas et est interdite. Mais il existe une chose qui s'y approche. Le principe d'équivalence existe, ce qui permet d'utiliser l'alchimie, pour ceux qui en ont la connaissance.

Si je suivais bien, l'alchimie... le principe d'équivalence... les enchantements... et ceux que j'avais proposé à Enzo, Almus et Miska... je devais très certainement m'y connaître un minimum !

Kean leva les mains et se transforma.

"Il est temps, maître. Dêpéchons-nous !"

J'hôcha la tête, en calant bien Kean contre mon épaule, et mit ma main sur la porte.

Celle-ci s'ouvrit, me laissant voir une scène étrange, se dérouler dans la rue.

Un petit garçon gardait une poule, de manière protectrice, dans ces bras. Un chat-léopard le protéger, d'une bande de gamin plus âgé.

Jusque là, tout était normal.

Mais lorsque la bande criait de rendre la poule, le petit garçon répétait qu'il ne rendrerait pas "Papy".

...

Etait-ce le nom de la poule ?

"Maître, dépêchons-nous !" me pressa Kean.

Je soupira et m'approcha avant de toussoter.

La bande de gamin me jettèrent un regard, l'air de dire "qu'est ce qu'il nous veut ?", avant de se raidir.

Le chat-léopard me considéra quelques instants, et s'arrêta de feuler.

-Puis-je savoir ce que vous faîtes, devant chez moi ? demandai-je, d'une voix que je voulais, un peu menaçante.

Les gamins se jettèrent des regards les uns aux autres, avec que l'un d'eux m'explique, en tremblant légèrement :

-Grand ramasseur, nous nous excusons... si nous vous avions déranger... ce garçon à pris ma poule, en disant... qu'il s'agissait de son grand-père... qui est mort il y a deux ans...

Sa voix tremblotait et ses mains étaient crispés. Mon look ne devait pas arranger les choses...

Je m'approcha du garçon tenant la poule, qui avait l'air bien plus petit que ceux de la bande, qui l'entourait.

Le chat me laissa faire, tout en me fixant.

"Que faites-vous, maître ?"

-Une expérience. répondis-je, dans un murmure.

Je tendis la main, vers la poule.

Celle-ci se libéra de l'emprise du petit garçon, qui me dévisageait et vint dans ma main.

"Est-il possible de voir l'antécédant d'une âme ?"

Kean vibra (je supposais que lorsqu'il vibrait, c'était sa façon de rire) et me répondit peu après.

"Ceux de ce monde, oui. Les perdus et les oubliés, non."

"Comment faire ?"

"Essayer de voir avec vos yeux et vous verrez ce que vous voulez voir."

Etait-ce une énigme, ou est-ce qu'il se moquait de moi ouvertement ?!

Je décida de prendre au pied de la lettre l'énigme, et fixa la poule, droit dans les yeux.

Des flash de la vie d'un homme, passèrent dans mes pensées. J'y vis le petit garçon, au bout d'un moment. Je compris le sens du "Papy".

Allez savoir comment, cet enfant avait compris que sont grand père, c'était réincarner dans cette poule !

Je rendis la poule au petit, ne sachant pas quoi faire.

"Faites celon vos sentiments et votre instinct. C'est ce que la forêt vous à conseiller de faire."

Erreur ou non, je décida d'écouter mes idées et me tourna vers le gamin tremblant :

-Accepterais-tu de lui laisser cette poule ? En échange, je t'en achèterai une autre.

La bande de gamin me considérait, ébahi.

Puis celui qui m'avait parler se reprit, et hôcha la tête :

-Si c'est vous qui le demandez, je l'accepte.

-Bien. Quel est ton nom ?

-Layton, Grand Ramasseur.

-Layton, reviens ici demain, nous irons t'acheter une nouvelle poule. lui dis-je en partant, sans attendre sa réponse.

J'avançais là oú Kean me disait d'aller.

D'un coup, un mal de ventre me prit, comme si quelqu'un m'avait donnait un coup de poing.

"Maître ! Nous y sommes presque ! Courage !"

Etait-ce pour ça, qu'il me pressait autant ?!

Tant bien que mal, il me dirigea vers une maison à belle allure. Elle était en plein centre-ville, entourer d'un jardin.

Une jeune femme pleurait à l'entrée.

A ma vue, elle hôcha la tête et m'annonça :

-Grand Ramasseur, on vous attendait.

Elle me fit monter à l'étage, d'oú des sanglots se faisaient entendre.

"Le père de cette famille est en train de décéder. L'âme nous attend, en faisant son maximum."

La douleur dans mon ventre, était alors l'appel de l'âme qui me pressait ?!

On arriva dans une chambre remplie de gens, qui à ma vue, séchèrent leur larmes et s'en allèrent, non pas sans embrasser le souffrant, une dernière fois.